lundi 14 décembre 2009

Distrito Federal Buenos Aires

Buenos Dias !

Nous voici de retour depuis cinq jours à Buenos Aires après une semaine de repos, et le premier jour fut consacré à une grande lessive et une bonne sieste.

Retour aux affaires, aux leçons de tango et aux prises de contacts. Il faut être sacrément opiniâtre dans ce pays, les obstacles sont nombreux avant de pouvoir trouver ses interlocuteurs et les bonnes accroches pour leur évoquer nos projets.


VILLA OCAMPO

Mais ça finit par payer... parmi les contacts à creuser, il y a la Villa Ocampo, que nous avons visité ce dimanche, après avoir été mis en contact avec sa programmatrice Diana Theocharidis sur les conseils de Ignacio Liprandi et par le biais de l'Ambassade de France. Elle est chorégraphe, parfaitement francophone, et elle organise une programmation intitulée 'Siete Noche', à raison d'une soirée par mois.

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La Villa Ocampo

La Villa Ocampo est une magnifique demeure dans un jardin somptueux (notamment deux ginkos nous ont impressionné par leur taille), située à San Isidro, charmante cité calme et verdoyante au nord du District de Buenos Aires. Elle fut le lieu d'une importante activité artistique au fil du vingtième siècle, animée par son égérie Victoria Ocampo, qui y accueillit la fine fleur des artistes de son temps (Borges, Virginia Woolf...), et créa les éditions 'Sur'. Après avoir été laissée à l'abandon, elle fut réhabilitée sous le patronage de l'Unesco et de quelques généreux mécènes depuis cinq ans, et les activités ont repris leur cours.

Lorsque nous nous y sommes rendus ce dimanche, il y avait une fête et un public très nombreux. Des visites guidées rythmaient des lectures, des spectacles de clowns et de danse, ou des rencontres avec des auteurs qui prenaient places au coeur des jardins ou des salons.

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danse dans les jardins de la Villa,
chorégraphie de Diana Theocharidis

Diana, très occupée (elle présentait elle aussi une performance de danse), a pris le temps de nous recevoir, et de nous expliquer qu'une proposition artistique en ce lieu se devait de tenir compte de son espace et de son histoire... Cela nous permettra d'imaginer une proposition (lecture musicale dans un salon ? performance dans les jardins ?) que nous tâcherons de faire rapidement. À nous de rebondir désormais.
Mais l'accueil fut sympathique et très ouvert dans ce lieu chargé d'histoire.

http://www.villaocampo.org


LA CATEDRAL

Bien sûr nous continuons nos cours de Tango, vendredi fut à ce titre très intense : cours en groupe le midi avec Fernando Llanes, et cours particulier avec Maria Telma Polcan et Francisco en fin d'après midi, puis le cours en groupe puis la practica.
Samedi midi nous avons pris notre premier cours de Canyengué, et nous avons vraiment accroché avec ce tango primitif, les racines nègres de cette danse, issu du candombé.

Samedi soir nous nous sommes rendus à La Catedral, pour une milonga, et le lieu, très décontracté, très underground, nous a paru magique, surréaliste, et nous a inspiré pour là aussi faire des propositions.

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La Catedral

D'autant plus qu'un concert et un petit numéro de chorégraphie inspiré du cinéma muet et de Chaplin nous ont surpris. La vie culturelle de cette ville est décidément très riche, et il faut tenir le rythme, car tout cela se passe après minuit...

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'Fuga de los Personajes' chorégraphie : Maya Lococo

http://lacatedralclub.com/


ALBERTO ARGENTO

Aujourd'hui lundi, grosse fatigue, grasse matinée, après avoir été réveillé par une manifestation à 7h00 du matin.
Motivés, on ne voit jamais ça chez nous : une manif le lundi matin à 7h00 !

Cet après-midi nous avions rendez-vous dans une confiteria (salon de thé) avec le père de Florencia, la prof de tango avec qui nous avions fait un stage à Lille en juin dernier.
Alberto Argento est biologiste, il a 67 ans et il est péroniste, d'obédience marxiste, depuis son plus jeune âge. Il nous a parlé pendant près de deux heures de Peron, d'Evita, et de la vie politique argentine depuis cinquante ans.

Mais surtout il nous a livré un moment d'une rare vérité, l'histoire de sa famille et de l'immigration qui a fondé ce pays, de l'âme du peuple argentin, en truffant sa conversation de références littéraires, philosophiques, artistiques, politiques. Du Ché Guevara, de Fidel Castro, et de Lumumba. D'Altusser, de Heidegger, de Artaud.
Et de Peron, qu'il a côtoyé pendant sa jeunesse, et d'Evita, et de leurs vies mouvementées. Des raisons profondes des choix politiques de Peron, et de la bâtardise de ces enfants du peuples devenus leaders charismatiques et stratèges politiques.

Il nous a aussi évoqué ses amis engagés dans les luttes au fil des années. Ceux qui ont disparus, et les années de dictature, et le capitalisme immoral qui sévit désormais et amène toute une jeunesse au bord du chaos...

Il s'est livré entièrement, et ce fut un moment passionnant et précieux. Tout est sur vidéo et nous avons été tellement absorbés que nous n'avons même pas songé à faire une photo de cette instant. Et puis il est parti comme ça, merci au revoir. Et nous sommes restés assommés et comblés.

Impossible d'aller au cours de tango ensuite, nous avons erré dans la ville agitée, jusqu'au café Dadà, près de San Martin, où nous avons trouvé à nouveau un peu de supplément d'âme.

...
Demain nous serons de retour à Lanus, puis nous irons dire au revoir à Maria Telma et Francisco, et leurs élèves, pour un dernier cours de tango. Mercredi, ultimes rendez-vous et retour en France.
...

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concert au Complejo Teatral de Bs As


Une dernière chose, en passant.
Après être tombé par hasard sur un magnifique concert classique offert gratuitement au public pour la clôture annuelle du Centro Cultural General San Martin (photo ci-dessus), nous avons vu hier soir un film qui nous renversé et fait pleuré : 'El Ultimo Aplauso'. Nous ne savons pas s'il est déjà sorti en France, mais surtout ne le ratez pas.


Cette ville n'est qu'émotion.
Hasta Pronto, Compañeros.

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